La Face cachée des ordinateurs
Le dessin se meut dans l'espace de manière joyeuse. Ses tracés s'organisent lentement au regard créant des formes mystérieuses, exécutées non pas d'un trait unique et vif, mais de l'incessante répétition et de la multiplication des passages, des cheminements, des doutes et des désirs, des certitudes autant que des incertitudes.
Le motif (une face, un profil, un crâne... une vanité ?) est peu lisible car l'image est née du hasard selon le positionnement géographique des fils électriques mis à nu par leur propre représentation comme une pétrification relative par laquelle les ordinateurs se dépouillent et annulent tous les corps qui les encombrent et tous ceux qui, en faisant masse, pèsent sur leur puissance d'exister car dans les ordinateurs la couleur n'exprime pas l'intention de dessiner mais constitue une modalité immédiate et finie, un épiderme du corps sans organe et parfois même son illusion.
Le titre déroute, certes, mais renforce la dualité du dessin guidé par la démarche abstraite. Rien n'est réellement représenté et pourtant tout est présenté, la forme - ou l'informe - met la narration en suspend : le dessin n'est qu'énigme, un gribouillis - pour révéler des fantômes de formes. Ceux-ci, comme en écho, dans l'entre-deux du vide, installent un dialogue entre l'ordinateur et le motif, entre l'artiste et le regardeur, entre le vu et le caché.
Un récit est amorcé : fiction ou biographie d'un inconscient ? Les ordinateurs ont-ils un inconscient ? Le réseau fragile des fils électriques évoquant la toile d'araignée s'étire, libéré de la contrainte de la composition et vient se mêler à la graphie d'un support qui garde la mémoire vive.
- Le cordon ombilical est un lien tellement extraordinaire. Sans lui pas de connexion, pas d’expansion, pas de naissance. Pourtant… autant il est le lien avec la vie [et] c’est lui qui doit être coupé pour vivre ! Anny-matrice (Anny C.)
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